Ce renouveau passe par l'arrivée de nouveaux modèles thermiques hybrides mais aussi par la naissance de toute une gamme de voitures électriques en capitalisant sur d'anciens noms de best-seller. Alors que la R5 électrique arrivera pour l'automne sur le marché et la future Twingo électrique par la suite (raisonnablement l'année prochaine, après la future 4L électrique), à l'heure actuelle, c'est au Scénic de devenir électrique.
En 1996, Renault lançait le premier monospace compact « moderne » (Fiat ayant initié cette architecture avec le 600 Multipla 40 ans plus tôt). La Mégane Scénic créée à cette époque a tout simplement lancé tout un marché automobile. Citroën a suivi avec le Xsara Picasso, Opel avec le Zafira, Volkswagen avec le Touran. Résultat, alors que le premier Scénic a séduit 2,8 millions de personnes, le chiffre global des 4 premières générations représente 5,4 millions de voitures dans le monde. Il est vrai que le Scénic 4 a moins plu car le marché avait déjà commencé à se tourner vers les SUV compacts.
D'une feuille blanche
Voici donc le nouveau Scénic. Difficile de le comparer aux 4 moutures précédentes car cet engin n'a en commun que son côté familial et potentiellement routier. Pour le reste, et pour avoir croisé, lors de notre essai, un tout premier Scénic, nous sommes bien aux antipodes de cette voiture vieille de 27 ans. Ce qui frappe immédiatement, c'est le traitement de la face avant dotée d'un grand losange (le nouveau logo Renault), lui-même entouré par une calandre composée de nombreux petits losanges dégradés. Les feux supérieurs à LED adaptatifs sont plus discrets, mais la signature lumineuse de jour de part et d'autre du pare-chocs donne le ton avec des demi-losanges. L'ensemble se veut très graphique jusqu'au niveau de la jupe avant avec des éléments qui visent à fluidifier l'écoulement d'air sur la carrosserie. Le profil semble plus commun aux autres SUV. Il faut savoir plaire à tout le monde sur ce genre de marché, mais les roues de 20 pouces (19 pouces sur l'entrée en gamme) affichent tout de même de la stature à notre engin. À l'arrière, on retrouve encore une signature lumineuse spécifique qui termine d'affirmer ce tout nouveau SUV. Face au récent Peugeot 3008, son ennemi juré, on ne peut pas dire qu'il puisse réellement se distinguer sur le coup de crayon. Le Peugeot tire très bien son épingle dans ce domaine. Ce qui interpelle surtout, c'est que l'on reconnaît sur les deux, même s'il n'était plus aux commandes du style Peugeot lors de la création du 3008 en 2020, les idées et le coup de crayon de Gilles Vidal (actuel patron du design Renault et à qui l'on doit aussi la gamme Peugeot telle que nous la connaissons encore aujourd'hui).
Astucieux à son bord
On oublie les sièges arrière indépendants, intégrables, modulables, voire déplorables qui ont existé par le passé et qui firent le succès de Renault pour leur côté pratique durant tant d'années et sur tant de modèles différents. Pour des raisons d'architecture et de poids, on abandonne le principe pour une banquette 1/3-2/3 classique mais confortable pour 2. Comme à l'accoutumée dans ce genre de configuration, le puni c'est le passager du milieu. Sauf qu'au milieu, Renault a implanté un repose coude au style assez haut de gamme intégrant aussi bien des porte-gobelets que des reposes tablettes ou téléphone très pratiques. Pour le reste, le volume arrière pour les genoux comme pour la garde au toit est un peu plus généreux que dans la nouvelle 3008 (nous l'avons mesuré, c'est imparable). En passant à l'avant, on est vite séduit par la présentation et les matières. Pour avoir découvert tous les niveaux de finitions qui seront disponibles à la commande, il faut reconnaître que Renault a beaucoup travaillé et revient de bien loin. Des tissus agréables au toucher, des matières qui visuellement font haut de gamme : on monte vraiment d'un gros cran par rapport à tout ce qui a pu exister depuis 30 ans en série chez Renault. En regardant dans le détail, les sièges ont « enfin » du style ! Leur matière claire rend l'habitacle plus lumineux et les appuie-tête, même s'ils font penser à ceux d'une Volvo, se révèlent très agréables, au même titre que la position de conduite. On règle son siège électrique et un message s'affiche sur l'écran central proposant d'enregistrer le réglage. C'est tout simple, mais il fallait y penser. Autre détail, le système d'info-divertissement qui a vraiment été optimisé et simplifié. Aujourd'hui, on a même droit à un système Harman Kardon dont les différentes ambiances sonores (sans oublier les petits jingles d'accueil dans la voiture) ont été conçues en collaboration avec Jean-Michel Jarre. Le résultat est assez bluffant pour ce type de voiture. Et puis, il y a ce bouton au-dessus du pare-brise qui permet d'opacifier, progressivement et par zones, le toit en verre. Nommé Solarbay, cet ensemble (1 500 euros) a été conçu avec St Gobain, garantit une parfaite isolation thermique dans l'habitacle et permet même de réduire le poids de 6 à 8 kg par rapport à un toit panoramique classique avec son rideau coulissant.
L'autonomie rassurante
Justement, puisqu'il est question de poids, sachez que ce nouveau Scénic est visiblement, et de loin, le SUV le plus léger de sa catégorie. Quand la plupart des concurrents tournent autour des 2 tonnes et ont même tendance à les dépasser, le nouveau SUV du losange annonce 1 730 kg sur la balance. Et croyez-nous, dans une voiture électrique, cette différence de poids prend un sens déterminant aussi bien pour le freinage, le comportement, que l'autonomie globale. Nous avons pris le volant de la version la plus puissante à ce jour (220 ch) équipée de la batterie la plus importante. Elle promet une autonomie de plus de 600 km et une recharge avec des pics de 150 kW. Le constructeur annonce que sur les gros chargeurs sur autoroute, on passe de 15 à 80 % en un peu plus de 30 min. Pour notre parcours, nous avons opté pour de la montagne. Une route en Espagne d'un peu plus d'une heure partant de Malaga à la ville de Ronda bien haut perchée. En roulant à allure soutenue, notre Scénic a fait preuve d'un bon niveau de confort et d'un train avant parfaitement guidé (la direction offrant un tout petit peu moins de précision que la 3008). Dans l'ensemble, la suspension suit parfaitement l'état du revêtement et la prise de roulis reste modérée pour un SUV. Et ce qui nous a le plus surpris, c'est le niveau d'autonomie assez inattendu pour un tel modèle. Alors que sur le même exercice, de nombreux concurrents nous auraient sans doute un peu stressés sans la présence d'une borne de recharge dans les environs, le Scénic a la riche idée d'avancer 3 niveaux d'autonomie : celle la plus optimiste, celle la plus pessimiste et celle issue des 70 derniers kilomètres de roulage. Bien au-delà de cet item déjà rassurant, nous sommes rentrés avec plus de 50 % de batterie après avoir pourtant bien malmené la voiture par des allers-retours incessants.
Alors c'est vrai que ce nouveau Renault Scénic vient tout juste d'être élu voiture de l'année 2024 et, en toute objectivité, on comprend pourquoi.
GALERIE
FICHE TECHNIQUE
Marque | Renault | ||
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Modèle | Renault Scénic E-Tech 160 kW | ||
Longueur | 4,47 m | ||
Largeur | 1,87 m | ||
Hauteur | 1,58 m | ||
Coffre | 545 litres | ||
Moteur | Electrique de 220 ch | ||
Couple maxi. | 300 Nm au démarrage | ||
0 à 100 km/h | 7,8 s | ||
Autonomie | (WLTP) 625 km | ||
Vitesse maxi. | 170 km/h (sur circuit) | ||
Poids | 1 730 kg | ||
Recharge | Pic de charge : jusqu’à 150 kW/h | ||
Prix | à partir de 39 990 € | ||
Bilan écologique | bonus 4 000 € |